mercredi 7 août 2013

Les représentants politiques soutiennent Racines de ciel 2013... et participent !

Racines de ciel est une manifestation soutenue par les collectivités locales, dont les représentants - Simon Renucci, Vanina Pieri, Emmanuelle de Gentili - s'expriment ici. Un petit plus cette année 2013 (année du centenaire de la publication de Du côté de chez Swann, premier volume d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust), Paul Giacobbi - qui est déjà intervenu lors d'un colloque organisé par Antoine Compagnon au Collège de France à propos de cette oeuvre) participera aux débats en évoquant "La genèse mythologique de Proust".


La Collectivité territoriale de Corse

Le genèse mythologique de Proust
par Paul GIACCOBI, député, président du conseil exécutif de Corse

Une des acceptions du terme dans le Larousse correspond à ce que l’on pourrait appeler la genèse mythologique chez Proust : «ensemble de croyances, de représentations idéalisées autour d’un personnage, d’un phénomène, d’un évènement historique, d’une technique et qui leur donnent une force, une importance particulière… ». 
Dès les premières pages, la genèse mythologique apparaît chez Proust à travers son enfance : la mythologie médiévale recomposée qui transfigure la duchesse de Guermantes à travers Geneviève de Brabant, les banales sources d’une rivière qu’il se représentait enfant comme «quelque chose d’aussi extra-terrestre que l’entrée des Enfers».
Cette genèse mythologique se poursuit évidemment avec les personnages clefs de la Recherche tels M. de Charlus, «la dame en rose», puis avec les grands évènements, notamment la Grande Guerre, qui donne lieu à des descriptions véritablement homériques ou wagneriennes.
La technique elle-même et, en particulier, les innovations technologiques, dont Proust était fanatique, donne lieu à des représentations mythiques, comme en témoigne la scène des «demoiselles du téléphone». La gastronomie est elle- même élevée au rang mythologique lorsque le bœuf en gelée est assimilé aux carrières de Carrare et la cuisinière Françoise à une manière de Michel-Ange…
D’une certaine manière, on pourrait décrire la structure de la Recherche en opposant, au-delà du temps perdu et du temps retrouvé, les représentations mythiques, au moins idéalisées, du monde puis leur description dans leur réalité plus modeste, parfois plus sordide.
Cependant, bien après qu’ils soient apparus dans leur triste réalité, avec leur faiblesse accentuée et la proximité de la mort, les hommes apparaissent bien comme des êtres mythiques, «des géants».
Au-delà de l’œuvre, Proust, comme tant d’autres écrivains ou d’artistes, a su générer toutes sortes de mythes sur sa personne, dont certains ont encore la vie dure.
Ainsi a-t-il convaincu ses contemporains mais aussi jusqu’à ce jour ses biographes, y compris les plus vigilants, du fait qu’il avait été ruiné à partir de 1914 par l’effet combiné des circonstances de la guerre, de spéculations hasardeuses et de sa prodigalité.  Une récente étude factuelle et fort bien référencée à partir de ses comptes courants, de ses comptes-titres et de ses déclarations de revenus, a démontré au contraire que même si la guerre a provisoirement écorné son patrimoine et ses revenus, Proust s’est trouvé ensuite, pour les dernières années de sa vie, plus fortuné et doté de revenus supérieurs, même corrigés de l’inflation, à ceux dont il disposait avant-guerre.




Le mot d'Emmanuelle de GENTILI, conseillère exécutive de l'assemblée de Corse

Comme le disait Emmanuel BERL «les frontières sont les cicatrices de l’Histoire».
Quelles soient territoriales, idéologiques, socio-culturelles ou anthropologiques, les plaies de l’Histoire ne guériront pas seules. Nous devons y mettre toute nos forces car notre monde n’est pas encore prêt pour une terre partagée où les frontières ne seraient plus des cicatrices et des lieux de fractures, mais des espaces propices aux refondations, aux échanges, aux phénomènes de métissage et de migrations plus ou moins complexes, au dépassement de l’hétérogénéité
Des progrès ont été accomplis avec la construction de l’Europe. Cependant, en acceptant de réduire la base de l’Union à la seule économie, nous avons pris le risque de l’étriquer et de la réduire à une communauté d’intérêts, d’égoïsmes et d’ambitions qui la mettent en danger
Il nous faut donc franchir de nouvelles étapes. Tout citoyen français doit se sentir heureux et fier de son appartenance à une aventure porteuse d’espoirs comme l’Union européenne.
Tout citoyen français et corse en particulier, doit se sentir méditerranéen autant qu’européen car les concepts grâce auxquels il observe le monde et les hommes viennent de l’Egypte d’Akhenaton, de la Grèce de Platon, de la Rome de Sénèque, de la Judée de Moïse et de Jésus, de l’Afrique du Nord de Saint-Augustin et d’Avicenne, de l’Andalousie d’Averroès... C’est autour de la Méditerranée que sont nées nos interrogations essentielles.
Les urgences sont nombreuses mais la priorité est de constituer un creuset où les interrogations sur l’homme, où les projets pour organiser la vie des peuples et leur avenir, puissent être confrontés, discutés et réalisés. La Méditerranée, où tant de conflits et d’incertitudes subsistent, peut être le lieu, paradoxalement, d’une telle communauté.
La Corse en étant au centre de la Méditerranée, apporte indubitable- ment sa contribution en s’ouvrant sur son environnement immédiat et en liant des partenariats de coopération forts avec ses voisins.
Preuve que chaque collectivité et chaque individu a sa partition à jouer pour le rapprochement des peuples et pour la cicatrisations desplaies de l’histoire. Mais l’artiste tient un rôle privilégié car il a déjà transcendé toutes les frontières. Aussi lorsque «Racines de Ciel» invite à Ajaccio des auteurs espagnols et fait le choix du monde non pas dans la peur mais dans le partage, je ne peux que lui souhaiter de vive aussi longtemps qu’il y aura de frontières à dépasser, d’horizons à repousser et de cultures à découvrir.


Le mot Vanina PIERI, présidente de l'Agence du tourisme de la Corse

Je suis heureuse que cette nouvelle édition de "Racines de ciel" nous donne cette année encore rendez-vous à Ajaccio pour fêter la littérature.
Pérennisée depuis près de cinq ans, cet événement incontournable dans le paysage culturel corse est le rendez-vous des insulaires et touristes, passionnés de lettres ou néophytes en quête de nouvelles rencontres littéraires.
Nous avons à l’Agence du Tourisme de la Corse privilégié la promotion du tourisme culturel ; des manifestations de ce type donnent véritablement du sens à la promesse véhiculée par nos campagnes de communication. En effet, ces rencontres mêlant débats et rencontres de très bonne qualité permettent à nos visiteurs d'enrichir leur séjour avec de nouvelles découvertes.
Cette année, outre la passionnante thématique des mythes, l’ouverture de cette opération sur la Méditerranée permettra à la Corse et notamment aux auteurs insulaires de rayonner auprès de nos voisins de l’arc méditerranéen se faisant de véritables ambassadeurs de la destination.
Je souhaite aux auteurs et visiteurs de belles rencontres littéraires et aux organisateurs animés par la passion de la littérature pleine réussite pour cette nouvelle édition.


La mairie d'Ajaccio

Le mot du docteur Simon RENUCCI, maire d'Ajaccio, président de la CAPA

Un livre suffit parfois à renverser le regard que l’on porte sur les autres, sur soi même, sur le monde. Ainsi en est-il de l’entrée en littérature, une expérience qui n’est jamais tout à fait neutre. Passion ou raison, évasion ou réflexion, le spectre est large et en lui se croise la mobilité des inconciliables, la puissance d’une alchimie. En effet, l’impact social du texte ne se départit jamais de la magie des mots. Le grand Mallarmé le résuma d’une formule : «Le monde est fait pour finir dans un livre». Un évènement parmi d’autres semble lui faire écho, Racines de ciel. Davantage qu’un rendez-vous littéraire, devenu incontournable pour tant d’Ajacciens, Racines de ciel a su insuffler un supplément d’âme. Voilà sans doute une des clés de son succès puisque chaque année, le public venu des quatre coins de Corse et au-delà, répond présent et se mêle aux éditeurs, aux auteurs, dans une grande
communion baptisée échange.
Le pari balbutiant lancé il y a cinq ans  par l’association Via Grenelle est donc en passe d’être gagné. Bientôt Ajaccio mais aussi l’ensemble de l’île, pourront prétendre au titre de carrefour littéraire.
Je tiens à féliciter tout particulièrement Mychèle Leca et Ysabelle Lacamp qui ont œuvré pour cet épilogue heureux. Cette édition 2013 sera placée sous la thématique des mythes, un concept qui allie avec bonheur réalité et imaginaire.
Pour la plus grande satisfaction du lecteur donnant à cette belle manifestation
ses lettres de noblesse.

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